02/09/2010
Il n'y a pas que moi qui le dit!!!
le 1.09.10 20minutes.fr
Sécurité: Les ministres d'ouverture l'ouvrent... mais restent.
Les écarts avec la ligne gouvernementale ne sont pas rares depuis 2007 dans les différents gouvernements Fillon…
Le tournant sécuritaire du gouvernement n’en finit plus de gêner aux entournures les ministres d’ouvertures, au sens large. Depuis ce week-end, ils sont trois à avoir fait connaître leur désaccord profond avec la politique du gouvernement, tout en restant dans l’équipe de François Fillon. «Un ministre ça ferme ça gueule ou ça démissionne», ce n’est plus vraiment d’actualité. 20minutes.fr fait le point.
Qui sont les ministres concernés?
Lundi, c’est Bernard Kouchner qui avouait avoir eu «le cœur serré» face à l’expulsion de Roms, pensant même à «démissionner». Finalement, il est resté, car «s'en aller, c’est déserter». La veille, Hervé Morin, le ministre de la Défense avait attaqué la politique du gouvernement lors de l’université d’été du Nouveau Centre, fustigeant les discours de «la haine, de la peur et du bouc émissaire», et estimant que la lutte contre l'insécurité était «vouée à l'échec» si elle ne comportait qu'un «seul volet répressif». Et mardi matin, c’est Fadela Amara, la secrétaire d’Etat à la Ville qui a pris des (grandes) distances avec la position du gouvernement sur la déchéance de nationalité, se disant «contre l'élargissement à toutes les autres formes de crimes». En matière de meurtres de policiers ou de gendarmes, «il y a des textes de loi et des peines lourdes qu'il faut appliquer», a-t-elle rappelé, fustigeant la «surenchère» de Brice Hortefeux sur le sujet. Mais, elle aussi reste pour accomplir sa «mission» de «transformation des banlieues».
Comment réagi le gouvernement?
En réponse aux atermoiements de ses ministres, Nicolas Sarkozy a souligné ce mardi matin «sa volonté inflexible» d’appliquer la déchéance de nationalité sous «certaines conditions». «Tout cela n'est rien, quelques chaleurs estivales», minimise un ex du gouvernement Roger Karoutchi. Il y a «une unité d'action totale du gouvernement», assure de son côté Laurent Wauquiez, secrétaire d’Etat à l’Emploi. Globalement, l’exécutif tempère les ardeurs des uns et des autres, refusant que les ministres soient dans le viseur. François Fillon notait lundi que «non seulement Bernard Kouchner n'a pas démissionné mais» avait «défendu la politique du gouvernement», vendredi dernier devant les ambassadeurs. Quant à Hervé Morin, «il participe à cette politique depuis plus de trois ans. Je ne l'ai jamais entendu émettre la moindre réserve», a-t-il ajouté. La seule à réagir avec fermeté a été Valérie Pécresse, la ministre de l’Enseignement supérieur, qui a repris à son compte la phrase de Jean-Pierre Chevènement: «Démissionner ou assumer, il faut choisir. Bien sûr, il y a tous ceux qui, quand la tempête fait rage, descendent dans la cale pour y organiser le procès du capitaine, d’autres sont sur le pont avec le capitaine», a-t-elle lancé à Pont-Marly, lors des universités d’été de l’UMP.
Y a-t-il des précédents?
Plein. On ne va pas en faire la liste exhaustive mais si ce gouvernement se fait régulièrement recadrer, c’est parce que ses membres prennent souvent leurs libertés avec la ligne officielle, provoquant des «couacs» à gogo. Du moins, il y a des habitués. Fadela Amara, notamment, qui en octobre 2007 trouvait «dégueulasse d’instrumentaliser l’immigration». Rama Yadeégalement, qui a critiqué l’invitation du Colonel Kahdafi en France par Nicolas Sarkozy. NKM aussi, époque secrétaire d’Etat à l’Ecologie, qui avait dénoncé «le concours de lâcheté et d’inélégance entre Jean-François Copé et Jean-Louis Borloo» lors du vote d’une loi sur les OGM. Finalement, l’exécutif tempête, tance souvent ses ministres, mais vire peu. D’où, cercle vicieux, la liberté prise par certains d’entre eux.
Comment faut-il comprendre les sorties des uns et des autres?
François Fillon n’a pas intérêt à ajouter de l’huile sur le feu au sein de son gouvernement, préférant insister sur le fait que ces ministres restent, alors que l’incendie couve dans sa majorité en cette rentrée 2010. D’où le profil bas du Premier ministre, alors qu’on l’a connu plus offensif en la matière. En novembre dernier, par exemple, il lâchait, à propos de Rama Yade qui avait pris une position inverse de celle de sa ministre de tutelle sur le Droit à l’image collectif «On ne peut pas être au gouvernement et en opposition avec la ligne du gouvernement».
Quant aux ministres, il faut lire leurs sorties par rapport à leur situation personnelle. Bernard Kouchner, aux Affaires étrangères, est très menacé lors du prochain remaniement. Cette déclaration est une manière de se ménager une porte de sortie honorable, prouvant que, en tant que socialiste qu’il dit être resté, il a dit ce qu’il pensait, quand ses camarades du PS lui reprochent d’avaler trop de couleuvres. Hervé Morin, lui, commence à faire entendre sa petite musique pour 2012. Le ministre de la Défense hésite sur la date à choisir pour quitter le gouvernement et préparer sa candidature présidentielle. Mais déjà, il fait entendre sa différence.
Maud Pierron
01:45 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0)
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