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05/02/2007

Redouane, SDF dans le 15ème arrondissement

medium_Redouane.jpgRedouane est un journaliste algérien de 45 ans. Il a dû fuir son pays en 2003, mis en danger en dénonçant dans ses publications, les souffrances de son peuple.
Il arrive en France où il veut témoigner… Mais ce n’est pas si simple.
Il doit d’abord obtenir une carte de réfugié politique. Ce n’est pas facile, mais une fois surmontées les difficultés administratives, ce nouveau statut lui permet d’être accueilli pendant 6 mois à la maison des journalistes, rue Cauchy, dans le 15ème arrondissement de Paris.
Mais, au bout de 6 mois, il doit se débrouiller seul. Il lui est difficile de trouver un emploi, du fait de son handicap auditif, et aussi compliqué de se loger (car il lui faut fournir une caution et 3 fiches de paye)


Seul, il ne peut y arriver et il semble qu’il n’ait pu bénéficier de l’aide d’une même assistante sociale et qu’il ait été « baladé » de services en services.
Depuis presque un an et demi il vit dans la rue et malgré la solidarité réelle du voisinage, cela devient de plus en plus difficile et il risque de sombrer.
C’est ce cri d’alarme, que sont venues me faire partager des habitantes du quartier.
Grâce à l’une d’elle, j’ai donc rencontré Redouane vendredi à ma permanence.
J’ai son dossier et dès lundi je vais appeler service après service afin d’essayer de l’aider.
Si je publie cet article, c’est pour le faire bénéficier lui et d’autres, de l’aide et de toute la compétence de ceux qui me lisent au quotidien.
Aidons-le avant que ce ne soit trop tard !
Et c’est aussi pour l’aider que je vais publier, avec son accord bien sûr, jour après jour, ses articles et poèmes qu’il m’a confié.
Merci d’avance à ceux que ce message interpellera suffisamment pour me répondre.


Dominique BAUD

Conseiller de Paris

 « Je rêverai pour ceux qui n’ont plus de rêves »

« Me voilà au carrefour de l’indécision! Envisager, choisir, entreprendre, rêver. Ai-je réellement les possibilités de rêver?

Ce que je «veux» faire est une chose, ce que je «peux» faire en est une autre! Ce que je veux est dicté par les sentiments égoïstes, ce que je peux est bien différent. Je dois me décider à faire quelque chose d’utile à mon pays d’accueil, c’est à dire tout simplement «continuer» en France ce que j’ai toujours fait dans mon pays natal. Et cela seul est à ma portée. « Travaillez pour vous rendre utile; rendez-vous utile pour l’être aimé; soyez aimé pour être heureux.» C’est ce que me dicte la sagesse. Je connais des centaines d’occupations pour me rendre utile, ce qui fait que je ne risque pas de chômer ni de me laisser bercer (je dirais «berner»!) par les rêves.

Continuer avec le journalisme? Rien n’est moins garanti, ni moins évident. Je veux certes continuer d’écrire, l’écriture étant pour moi aussi vitale que boire et manger, mais je veux surtout me consacrer à la poésie, aux nouvelles, aux réflexions.

J’ai laissé derrière moi trop de misères, trop de larmes sur les visages, trop de rêves brisés, trop d’injustices.

Journaliste forcé à l’exil, oui, je le suis. Victime, non. La victime, c’est notre profession devenue suicidaire. La victime, c’est la liberté proscrite. La victime, c’est mon peuple écrasé, privé de droits, spolié, interdit de parole, affamé, matraqué, chassé des bidonvilles et des hameaux, par les couteaux des sicaires! Quant aux journalistes assassinés, ils ne sont plus des victimes, mais des martyrs. Paix à leurs âmes!

S’il m’était permis de rêver, eh bien!, je rêverais pour mon peuple, pour tous les enfants qui ne vont pas à l’école et ne mangent pas à leur faim, toutes les femmes privées de leurs droits, tous les cœurs qui ont soif de justice et de liberté!

S’il m’était permis, je rêverais pour ceux qui n’ont plus de rêves, ceux pour qui le rêve est interdit…

Ma vie en exil, je saurai la vivre en fonction des faveurs et des contraintes, mais en homme éveillé. Et à Dieu tout le reste…»

Redouane

22:40 Publié dans Social | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ump, dominique baud, social, SDF

Commentaires

Redouane,

Merci pour ce texte bien écrit et plein d'espoir.
Je te souhaite une bonne continuation et réussite dans cette expérience difficile qu'est la vie de la rue.

Reçois ce petit message d'un ami, un compatriote (qui n'a plus revu son pays depuis longtemps), un frère, qui t'accompagne dans tes rêves aussi.

Samir BENALI

Écrit par : BENALI Samir | 30/11/2010

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