La liberté d’expression, sans exception…

Un comportement citoyen

Comment être suspendu(e) officiellement de son mouvement politique et symboliser la dissidence républicaine en pleine élection législative ?

C’est très simple, il suffit de s’appeler Madame Dominique BAUD, d’avoir des convictions, des tripes et du caractère et de recevoir, huit jours avant l’échéance des élections, sans élégance et avec la froideur qui s’impose, une lettre de suspension, signée par le vice-Président de l’UMP lui-même, Jean-Claude Gaudin. Etrange visage que celui de la politique française qui contraint ses élus, par lettre, à prouver le déni de leur existence politique  en marginalisant leurs actions.

Le verdict est tombé entre ses mains le 1er juin et le réquisitoire est sévère : qu’on en juge plutôt : « ….l’annonce de votre candidature dissidente pour les prochaines élections législatives nous obligent à prononcer votre suspension de notre mouvement. En conséquence, à compter de ce jour, vous ne pouvez vous prévaloir de votre appartenance à l’UMP…, … ni utiliser quelque moyen que ce soit de l’UMP »   Qu’en termes délicats ces choses là sont dites ! En matière de jargon technique, la lettre-type de suspension frise parfois le surréalisme…attention âmes sensibles s’abstenir : « Conformément à l’article 34 de nos statuts, nous soumettrons cette décision au Bureau politique de notre mouvement. Néanmoins, au vu de l’urgence de cette situation, cette décision s’applique à compter de la réception du courrier. »

Patatras ! Pourquoi cette« urgence »  alors qu’elle est en campagne depuis de nombreux mois ?

Serait-il donc impératif de congédier sans délai une conseillère de Paris qui s’investit corps et âme pour les problèmes de sa ville, et donc sème le trouble ? Son éviction permettrait à Jean-François LAMOUR candidat officiel de l’UMP, d’avoir la suprématie dans la 13ème circonscription. Et si d’aventure, Dominique BAUD n’existait plus dans la presse ce serait bénédiction des hautes instances et bulletins de vote sur le gâteau !

« Je vais contester et ne vois pas en quoi il y a urgence aujourd’hui. » nous réplique Dominique BAUD qui va, comme les statuts lui en donnent la possibilité, déposer un recours devant la Commission Nationale des recours. Par ailleurs, nul ne peut la priver de sa liberté individuelle ni du soutien au président de la république Nicolas Sarkozy « La commission d’investiture n’est pas transparente » souligne cette battante du 15ème pour qui l’investiture accordée à Jean-François LAMOUR revêt un caractère contradictoire et incohérent : « Il a été nommé au printemps 2006, alors qu’il prétend s’être soumis à la Commission d’investiture. »

Dans l’histoire et l’anthologie du parachutage républicain il faudra en effet compter désormais avec la référence LAMOUR : Cet ancien ministre des Sports, a le profil type du parachuté puisque, étranger à l’arrondissement, son « projet » est avant tout celui d’un ex-ministre au chômage, en quête d’un nouveau strapontin. Souvent entouré par des écrivains ou des ministres, à chacune de ses prestations, le candidat estampillé UMP donne le sentiment de vouloir être mis en relief. Qu’il soit investit officiellement ne change en rien la flagrante réalité comme aime à le rappeler Dominique BAUD : « Je suis dissidente pour mon parti politique, mais légitime pour les habitants du 15ème. ….  Ce n’est pas la disparition d’un sigle qui fera la différence, je sais aller chercher mes électeurs sur le terrain »

Est-ce que l’on peut encore parler de discipline quand la légitimité est en jeu ? se demandent ses partisans. « C’est l’UMP qui n’a pas respecté la discipline annoncée … » nous déclare celle qui n’hésite pas à prendre le risque de perdre son mandat de Conseiller de Paris et qui précise que le scénario aurait pu s’écrire différemment si elle avait été reçue par la commission d’investiture.

Peut-on s’associer entre dissidents  s’interrogent les indécis ?

« Non, La dissidence de René GALY- DEJEAN n’est pas similaire à la mienne ! » Il est en effet notoire que le député-maire sortant sans étiquette, éternel partant clame à chaque échéance électorale, l’arrêt de ses mandats législatifs et municipaux et qu’il ne rassemble plus autant qu’avant.

Séparatiste ? Rebelle ? Dominique BAUD l’était déjà avant d’entrer en campagne : « J’avais anticipé cette décision, j’assume cette dissidence. » Les agressions verbales ou les arrachages systématiques de ses affiches consolident sa lucidité : « Il ne faut pas avoir d’ambition en politique, les places sont déjà réservées à d’autres. »

Parée contre tout florilège de coups bas « la candidate dissidente » (sic) a fait de son pari, « le Paris de l’audace » Les ténors de la vérité, et les admirateurs du « j’accuse » savourent en connaisseurs ses paroles fétiches : « J’assume ! je ne démissionnerai pas ! »