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30/10/2012

C’était dimanche… En direct

BFMTV, dimanche soir recevait Laurent Vauquiez. Longtemps j’ai apprécié ses discours. Mais c’est comme la Pub… C’était avant… Avant qu’il ne soit ministre.

Lors de cette émission, il a entre autres choses, dénoncé l’AME. L’AME qui se monterait cette année selon lui à plus de 800 millions d’euros.

Vous savez, L’AME, aide médicale de l’État, est « un dispositif de prise en charge des soins pour les étrangers en situation irrégulière résidant en France de manière ininterrompue depuis plus de trois mois et disposant de ressources inférieures à un plafond identique à celui exigé pour bénéficier de la CMU… ».

Laurent Vauquiez a contesté ce dispositif qui favorise les étrangers en situation irrégulière par rapport à ceux en situation régulière, voire même à certains nationaux…

Mais si on regarde un peu en arrière, on a le droit de se poser quelques questions :

AME 2007, 233 millions d’euros

AME 2008, 413 millions d’euros

AME 2009, 490 millions d’euros

AME 2010, 535 millions d’euros

AME 2011, 588 millions d’euros

Alors quoi d’étonnant que les socialistes maintenant au pouvoir en rajoutent…

Et pourquoi, alors même que le droite disposait, il y a encore peu de tous les pouvoirs, n’a-t-elle pas pu imposer, au minimum ces propositions, à savoir créer un droit d'entrée annuel par adulte bénéficiaire de l'AME,  limiter le nombre des ayants-droit aux seuls enfants et conjoints, restreindre le panier de soins aux seuls actes dont le service médical est important.

Dominique Baud

 

03/11/2010

Restrictions AME : illusions…

Il y a quelques temps, je publiai un article dénonçant l’AME, couverture médicale gratuite prévue pour les étrangers en situation irrégulière.

Aujourd’hui, on nous annonce fièrement que l’Assemblée Nationale aurait réduit le champ de l’AME. Mais, quant est-il exactement ?

La mise en place d’un droit d'entrée de 30 euros a été votée, certains actes concernant "le traitement de la  stérilité" ou "les cures thermales" en ont été exclus, de même qu’a été décidé une limitation des ayants droit "aux conjoints et enfants, en excluant les ascendants, les descendants (sauf enfants) et les collatéraux jusqu'au troisième degré.

Pour autant, le montant du budget de l'AME reste de 588 millions d'euros pour 2011 et la ministre de la Santé Roselyne Bachelot, a assuré que "l'essentiel" du dispositif était "préservé". Pourquoi de tels propos qui ressemblent à des excuses ?

Elle explique que le paiement de ces 30€ pour bénéficier de ce dispositif est justifié pour couvrir "les frais d'ouverture du dossier et la fabrication de la carte sécurisée, améliorer et mieux encadrer le pilotage et la gestion du dispositif" , ce devant un constat de "dysfonctionnements et d’abus".

Tout cela est plein de contradictions. On s’excuse de limiter l’AME et pourtant on en reconnait les abus, les dysfonctionnements et donc implicitement, on reconnait que ces récentes décisions sont très loin, à moyen terme, d’être suffisantes.

Quant aux socialistes, à Christine Boutin ou à d’autres qui s’insurgent contre ces relatives restrictions, ils oublient tous ces français qui ont travaillé toute leur vie, ont cotisé toute leur vie et se voient contraints de limiter leurs soins du fait des réductions importantes du remboursement de certains médicaments ou des quasi défaut de remboursement s’agissant de l’optique, des appareils auditif ou dentaires…

Et fièrement, on en rajoute… Alors même qu’il s’agit là de personnes sans papiers, en situation irrégulière en France, on a pris des mesures pour à vérifier que « la personne réside bien en France ».

Formidable. Quel manque de discernement de traitement. Attention au crime de discrimination dont pourraient s’estimer victimes toutes ces femmes, ces hommes, ces familles…dont on évite de parler… et pourtant que je croise chaque jour en plus grand nombre et dont il est facile de comprendre le désarroi et difficile de donner des explications justes et plausibles.

Dominique Baud

09/10/2010

Aide médicale d'Etat : ces vérités qui dérangent

Prenez le temps de lire les extraits de ce long article.

Vous comprendrez, mais vous avez déjà compris, j’en suis sûre, le malaise qui gagne notre pays chaque jour davantage et va décourager très vite les âmes les plus généreuses. Car, comme moi, vous en connaissez des personnes, des français qui ont travaillé et cotisé toute leur vie et qui aujourd’hui, ne peuvent plus bénéficier des soins dont ils auraient besoin, faute de revenus suffisants et à cause de remboursements insuffisants.

Dominique Baud

Le 8/10/2010 dans le figaro.fr Par Sophie Roquelle

Depuis dix ans, les étrangers en situation irrégulière peuvent se faire soigner gratuitement en France grâce à l'Aide médicale d'Etat (AME). Mais le coût du dispositif explose. Afin de comprendre pourquoi, Le Figaro Magazine a enquêté auprès des

médecins, des hôpitaux et des pharmaciens. Et fait réagir les associations.

Une enquête sur l'Aide médicale d'Etat? Sauve qui peut! Dans les ministères, les administrations, les associations humanitaires, la simple évocation de ce dispositif qui permet aux étrangers en situation irrégulière de se faire soigner gratuitement déclenche une poussée d'adrénaline…

Silence gêné à Bercy, où l'on prépare un tour de vis sans précédent sur le train de vie de la nation: «coup de rabot» sur les niches fiscales, suppressions de postes de fonctionnaires, déremboursements de médicaments... Mais toucher à l'AME n'est tout simplement pas prévu au programme de la rigueur.

Le projet de budget pour 2011 prévoit même une augmentation de 10 % !

Depuis deux ans, la facture de la couverture médicale des sans-papiers s'envole. Son rythme de progression est trois à quatre fois supérieur à celui des dépenses de santé de tout le pays: + 13 % en 2009 (530 millions d'euros pour 210.000 bénéficiaires) et encore + 17 % au début de cette année. De toute évidence, l'enveloppe de 535 millions d'euros prévue en 2010 sera largement dépassée. Pour l'an prochain, ce sont 588 millions d'euros que Bercy a mis de côté pour l'AME.

Les associations sont sur le pied de guerre, déterminées à défendre jusqu'au bout l'accès aux soins gratuit et sans restriction des sans-papiers. «Au nom d'une certaine idée de la France», martèle Pierre Henry, le président de France Terre d'asile, mais aussi parce qu'«il s'agit d'une question de santé publique» face à la recrudescence d'épidémies…

Il n'empêche, les députés de droite, plusieurs fois lâchés en rase campagne sur l'AME par les gouvernements en place, ont l'intention de revenir à la charge. Au front, comme souvent sur les questions d'immigration, les députés UMP Claude Goasguen et Thierry Mariani n'entendent pas céder au «terrorisme intellectuel autour de ce dossier». A l'occasion de la discussion budgétaire, ces jours-ci, ils veulent ferrailler pour obtenir une «redéfinition des soins» éligibles à l'AME. En clair, réserver le dispositif aux soins d'urgence. «Il y a une vraie exaspération sur le terrain. Chacun doit maintenant prendre ses responsabilités», préviennent ces deux élus.

Pour la première fois, les parlementaires pourraient rencontrer le soutien de la communauté médicale. Car médecins, pharmaciens, infirmières et même certains militants associatifs commencent à dénoncer un système sans limite ni contrôle, parfois détourné de son objectif initial, voire carrément fraudé.

C'est Laurent Lantieri qui, le premier, a mis les pieds dans le plat. Dans un entretien à L'Express publié début septembre, le grand spécialiste français de la greffe du visage a confié son agacement de voir les principes du service public «dévoyés» avec l'AME. «Soigner les étrangers en cas d'urgence ou pour des maladies contagieuses qui pourraient se propager me paraît légitime et nécessaire, prend-il soin de préciser. En revanche, je vois arriver à ma consultation des patients qui abusent du système.» Et de raconter l'histoire de cet Egyptien qui avait eu le doigt coupé bien avant de s'installer en France et demandait «une opération de reconstruction», prétextant qu'il n'avait pas confiance dans la médecine de son pays. «En réalité, poursuit le chirurgien, ce monsieur s'était d'abord rendu en Allemagne, mais il jugeait bien trop élevée la facture qu'on lui avait présentée là-bas. Une fois en France, il avait obtenu l'AME et il estimait avoir droit à l'opération!» Ce que Laurent Lantieri lui refusa.

Du tourisme médical aux frais du contribuable? Claudine Blanchet-Bardon n'est pas loin de le penser. Cette éminente spécialiste des maladies génétiques de la peau voit parfois débarquer à sa consultation de l'hôpital Saint-Louis des patients AME venus du bout du monde exprès pour la voir. «Je vais vous dire comment ça se passe, confie-t-elle. Ils tapent le nom de leur maladie sur internet au fin fond de la Chine, tombent sur mon nom parmi d'autres et découvrent qu'en France, ils peuvent se faire soigner gratuitement. Ils arrivent clandestinement ici, restent tranquilles pendant trois mois et débarquent à ma consultation avec leur attestation AME, accompagnés d'un interprète. L'interprète, lui, ils le payent.» Le coût des traitements au long cours de ce type d'affection se chiffre en dizaines de milliers d'euros par an.

Avec certains pays proches comme l'Algérie, l'affaire est encore plus simple. Un cancérologue raconte, sous le couvert d'anonymat : «Nous avons des patients qui vivent en Algérie et qui ont l'AME. Ils viennent en France régulièrement pour leur traitement, puis repartent chez eux. Ils ne payent que l'avion...»

De plus en plus de médecins réclament un «véritable contrôle médical lors de l'attribution de l'AME». Ou, au moins, un accord de la Sécu avant d'engager certains soins. Car, à la différence de l'assuré social lambda, le bénéficiaire de l'AME n'a nul besoin d'obtenir une «entente préalable» avant d'engager des soins importants…

A l'heure où les hôpitaux croulent sous les déficits, «cette distribution aveugle de l'AME», selon le mot de Mme Blanchet-Bardon, finit par excéder les praticiens hospitaliers, «coincés entre leur devoir de soignant et les limites de la solidarité nationale».

Pierre Henry, de France Terre d'asile, balaie les allégations de tricheries : «S'il y a des abus, les premiers coupables sont les médecins.» Mais le corps médical renvoie, lui, vers la Caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM) qui délivre le précieux sésame. «Nous, on est là pour soigner, pas pour vérifier les attestations AME», souligne un médecin urgentiste.

Le problème est que la CPAM ne fait elle-même qu'appliquer des textes d'une extrême légèreté, les seules conditions requises pour obtenir l'AME étant trois mois de résidence en France et des ressources inférieures à 634 euros par mois. Les demandeurs étant clandestins, le calcul des ressources relève de la fiction. «Nous prenons en compte les ressources au sens large: il s'agit plutôt des moyens de subsistance», explique un travailleur social, qui concède n'avoir aucun moyen de vérifier les dires du demandeur.

Aucun soignant - ni aucun élu d'ailleurs - ne remet en cause l'existence de l'AME ni sa vocation dans la lutte contre la propagation des épidémies, notamment de la tuberculose, en pleine recrudescence. Dans l'est de Paris, une épidémie de gale qui avait frappé un camp d'exilés afghans l'an dernier a pu être éradiquée efficacement grâce à l'aide médicale. Mais c'est la gratuité généralisée des soins qui choque un nombre croissant de médecins et de pharmaciens.

Dans cette officine proche d'une gare parisienne, on voit défiler chaque jour une dizaine de clients avec une attestation AME. «Pour la plupart, c'est de la bobologie: aspirine, sirop...» raconte la pharmacienne. «Sur 60ordonnances par jour, je fais une vingtaine d'AME», raconte la gérante d'une pharmacie. Dans le lot figurent presque à chaque fois deux ou trois trithérapies (traitements anti-sida) et autant de Subutex (traitement de substitution à l'héroïne). «Le reste, poursuit-elle, ce sont généralement des traitements pour les petites maladies des enfants, des gouttes, des vitamines, car nous avons une forte communauté asiatique dans le quartier.»

Les pharmaciens sont particulièrement vigilants sur le Subutex, objet de tous les trafics. Même si la Sécu veille au grain, il est bien difficile d'empêcher un patient muni de son ordonnance de faire la tournée des pharmacies pour se fournir en Subutex avant de le revendre. Le tout sans débourser un euro. Il y a deux ans, un vaste trafic de Subutex, via l'AME, a été démantelé entre la France et la Géorgie. «L'AME, c'est une pompe aspirante», insiste un autre pharmacien, las de distribuer toute la journée gratuitement des médicaments de confort et des traitements coûteux à «des gens qui n'ont en principe pas de papiers en France, alors que les petites dames âgées du quartier n'arrivent pas à se soigner».

«On ne va pas pouvoir accueillir tout le monde», soupire Geneviève, permanente dans un centre d'accueil pour étrangers, qui se souvient d'un Roumain arrivé en France il y a peu, avec pour seul bagage un petit bout de papier sur lequel son passeur avait écrit: «Ici boire manger dormir argent.»