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25/07/2008

Les drames de l’été…

t_mains_d_enfant.jpgTous les ans, nous déplorons le décès de très jeunes enfants « oubliés » dans une voiture. De 25° à l’extérieur, la chaleur dans le véhicule garé au soleil peut monter à plus de 40°.

Et malgré toute l’horreur d’un tel fait divers, je pense que cela peut arriver à n’importe quel parent : un parent concentré sur la circulation, sur sa journée de travail à venir, avant ou après un rendez-vous difficile, qui s’est disputé avec son conjoint avant de partir…voire qui est chargé d’une responsabilité dont il n’a pas l’habitude.

 

Le condamner ? Il va déjà traîner toute sa vie un taux de culpabilité difficile imaginable et supportable.

 

J’ai trouvé intéressante la réflexion d’un psychologue et vous en livre quelques extraits :

 

« Les individus sont inégaux en terme d'attention et de motivations. Tandis que certains sont tellement centrés sur leur tâche, que le ciel pourrait s'écrouler qu'ils ne s'en apercevraient même pas, d'autres en revanche seront de vrais papillons passant d'une chose à l'autre.
Ainsi l'épouse de Louis Pasteur a expliqué qu'elle devait venir chercher son mari pour qu'il mange, car sinon il serait resté dans son laboratoire. Pasteur aurait pu oublier sa fille dans sa voiture, pour peu qu'il ait eu une voiture et que les crèches aient existé.
La personne la plus  sérieuse reconnaît oublier parfois certaines choses, simplement parce qu’elle avait l’esprit ailleurs.

L’habitude ou le stress sont autant de moyens de perturber l’attention ou au contraire de focaliser l’attention sur des habitudes.

Cette histoire aurait pu m’arriver. J’en suis persuadé ! Mais dans le même temps, je sais que jamais cela ne me serait arrivé.

Alors si un matin, j’avais du, en plus de mon train-train habituel, emmener ma fille à la crèche, je pense que j’aurais mis un post-it sur le volant ! »

 

Le post-it ne me semble pas l’idéal. Mais, il apparaît évident que nous devons nous préoccuper de ces drames récurrents qui plongent des familles dans l’horreur.

Et même si je n’imagine pas que cela ait pu m’arriver, je sais combien notre quotidien peut contenir des facteurs de perturbation lourds de conséquences.

 

Il y a 2 ans, je découvrais ma nouvelle voiture, plus moderne que la précédente, bien que datant de 2004. Elle sonnait tout le temps : porte mal fermée, ceinture non attachée, feux non éteints…

J’avais souvent l’habitude de mettre mon cartable ou des dossiers sur le siège avant, à côté de moi. Alerte sonore…En fait le poids des dossiers faisait croire à un passager et la sonnerie indiquait l’absence de ceinture de sécurité .

 

Nos constructeurs sont toujours à l’affût d’un gadget qui pourrait faire vendre. Je vais leur écrire pour leur proposer de valider un système de sonnerie, qui indiquerait la présence d’un poids à l’arrière, et pourquoi pas une sonnerie significative : un pleur d’enfant… Cela existe bien dans les choix de sonnerie des téléphones portables.

 

Qu’en pensez-vous ? puéril ? Mais non, osons… si ainsi, on sauve ainsi de la mort tous ces jeunes enfants.

 

Dominique BAUD

30/11/2007

Témoignage

Elle s'appelait Anne-Lorraine Schmitt
Bien sûr, comme tout le monde, j'avais été choqué et ému dimanche, en entendant à la radio qu'une jeune étudiante en journalisme avait été retrouvée en fin de matinée, agonisante, dans une rame du RER D en gare de Creil, après avoir été frappée de nombreux coups de couteau. Et relativement soulagé d'apprendre, dès le lendemain, que son assassin, blessé au cours de l'agression, avait été arrêté avant de passer aux aveux. Mais le pire, pour moi, restait à venir.

Le pire, je l'ai appris hier après-midi. Le pire, c'est que je connaissais cette jeune fille, que j'avais eu le temps de juger et d'apprécier pendant les deux mois de stage qu'elle fit l'an dernier à Valeurs Actuelles, dont je dirigeais alors la rédaction. Elle s'appelait Anne-Lorraine Schmitt, avait 23 ans, et faisait partie de ces enfants qui semblent n'être nés que pour combler leurs parents de joie et de fierté. Aînée d'une fratrie de cinq garçons et filles, elle avait passé son bac à la Maison de la Légion d'Honneur de Saint-Denis avant d'être reçue à l'Institut d'Etudes Politiques de Lille, puis d'intégrer à l'automne 2006 le Celsa, l'excellente école des sciences de l'information et de la communication dépendant de la Sorbonne.

Durant son stage, elle avait frappé toute la rédaction par sa culture générale, sa maturité, son exigence vis-à-vis d'elle-même. Une exigence qui lui venait probablement de sa foi : profondément croyante, Anne-Lorraine s'était fortement engagée dans le mouvement scout. Ce qui ne l'empêchait nullement d'être une jeune fille de son temps, charmante, brillante et appréciée de tous.

Dimanche matin, ses parents l'attendaient sur le quai de la gare d'Orry-la-Ville pour aller en famille à la messe. Un délinquant sexuel récidiviste d'origine turque, déjà condamné en 1996 à cinq ans de prison pour un viol commis sous la menace d'une arme sur la même ligne du RER, aura donc brisé leurs vies en même temps que celle de leur fille. Mais Anne-Lorraine aura été courageuse jusqu'au bout : en se défendant, en empêchant son agresseur de parvenir à ses fins, elle aura réussi à le blesser en retournant son arme contre lui, ce qui devait permettre son arrestation ultérieure. En félicitant les enquêteurs de cette conclusion rapide, Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur, a assuré les proches d'Anne-Lorraine de sa profonde compassion.

Quelques heures plus tard, à quelques kilomètres de là, les jeunes Moushin (15 ans) et Larami (16 ans), conduisant à grande vitesse et sans casques une moto de cross non homologuée, se tuaient en percutant de plein fouet un véhicule de police en patrouille. Leur mort, on le sait, sert depuis deux jours de prétexte à l'embrasement de plusieurs communes du Val-d'Oise, avec tirs de chevrotines, de grenaille et de balles contre les forces de l'ordre (plus de quatre-vingts policiers blessés) et incendies de commissariats, d'écoles, de bibliothèques et de commerces.

Pour tenter d'apaiser les esprits, le chef de l'Etat pourrait recevoir ce mercredi les parents des deux jeunes morts de Villiers-le-Bel. Serait-ce trop lui demander que d'avoir aussi un geste fort vis-à-vis de la famille et des proches d'Anne-Lorraine ? Par exemple en étant représenté à un haut niveau - voire en se rendant lui-même, comme il sait le faire - aux obsèques de cette jeune fille exemplaire qui auront lieu samedi, à 14h, en la cathédrale de Senlis. Il serait juste, en effet, que les victimes innocentes aient droit dans ce pays à plus d'égards que des délinquants responsables de leur propre malheur.

Gérard GACHET Valeurs Actuelles