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03/06/2009

Européennes 2009: Entretien avec Dominique Baud

Dominique Baud candidate sur la liste Île de France MPF-CNPT avec Libertas, a pris d un peu de son temps pour répondre aux questions de Medias Libres. Ils restent étrangement rares les candidats de cette campagne à vouloir ainsi jouer le jeu de l’information…..

Medias Libres: Quelle drôle de campagne ! A quelques jours de l’élection du 7 Juin (1 seul tour) L'UMP et le PS ne semblent pas pressé de la faire décoller , et les grands médias nationaux de leur côté n‘insistent pas, comme si cette absence de débat leur convenait. Que cela vous inspire t-il et comment dès lors arrivez-vous à vous faire entendre ?

Dominique Baud : On ne peut hélas que constater un vrai déni de démocratie comme en 2005, lorsqu’on refusait voire interdisait tout débat.

Il est clair que l’UMP et le PS ne veulent pas de campagne. Une campagne permettrait à d’autres, dont nous sommes, de s’exprimer davantage et il apparaît clairement que de permettre aux autres d’avoir la parole semble les inquiéter.

Quant aux grand médias nationaux, ils manient avec une grande dextérité le terme équité qui signifie étrangement pour eux : donner la parole aux « gros » ( télévision, radio, pages entières dans les journaux) … tout en se contentant au titre de l’équité obligatoire de simplement « citer » les autres ….
Heureusement, pour se faire entendre, nous ne manquons pas de détermination. Nous sommes très présents sur le terrain, sur internet et les jeunes multiplient les initiatives et traversent le France avec le bus Libertas. Philippe de Villiers quant à lui, saisit toute occasion qui lui est donnée pour intervenir même à des heures très tardives sur toute radio ou télévision qui le veut bien et il participe à de très nombreuses réunions publiques. Ce matin, par exemple ( Note de la rédaction : il s’agit du Vendredi 29 Mai ) nous manifestions avec lui devant l’assemblée Nationale, à l’occasion de la date anniversaire du non au référendum de 2005, avec pour toile de fond une immense banderole rappelant les 54% du Non.


ML: Tous les partis parlent d'Europe, sans évidement parler de la même Europe. Quelle est votre Europe ? Quel projet porterez-vous au Parlement européen et pour quels enjeux ?

Dominique Baud : Notre Europe est une Europe qui doit respecter les nations et les peuples. Et en conséquence directe, une Europe démocratique, respectant le vote des peuples, et au sein de laquelle les élus ont le pouvoir et le reprennent des mains des commissaires de gouvernement non élus qui décident de plus en plus, au détriment des volontés et nécessités des Nations.
Nous voulons de vrais élus. Des élus qui savent se lever pour dire non à certaines décisions et oui aussi fort pour d’autres. Des élus qui savent prendre leurs responsabilités et peuvent ainsi revenir devant leur peuple, expliquer et assumer au lieu de se planquer derrière des consensus permanents.


ML: Cette campagne européenne semble aussi être l'otage de la crise. Comment la relier-vous à celle-ci et avez-vous des exemples de solutions concrètes pour y remédier ?

Dominique Baud: Pour sortir de la crise, il faut protéger l’Europe du chômage crée par des délocalisations du fait notamment d’un libre échange sans régulation. La concurrence est déloyale entre un pays qui a une protection sociale et un autre non, entre un pays qui a de hauts salaires et d’autres de très bas. Il faut protéger nos emplois avec un juste échange et une préférence communautaire en privilégiant l’achat de produits fabriqués en Europe.

Que pensez-vous d’une directive Européenne qui permet ainsi à une entreprise de licencier trois chauffeurs français coûtant 3.700 euros par mois, contre l’embauche de deux salariés bulgares, qui pour le même travail, et à deux seulement, coûtent chacun seulement 700 euros par mois.

Philippe de Villiers qui avait tiré la sonnette d'alarme à l'occasion du débat référendaire de 2005 sur la Constitution européenne utilisant l'exemple du "plombier polonais" dénonce aujourd'hui "la directive Mac Creevy qui est la nouvelle directive Bolkestein" , et donne l'exemple du "dumping social organisé par la libéralisation du cabotage routier" depuis le 1er mai avec "l'arrivée du routier bulgare".

"La rafale d'arrêts de la Cour de justice européenne appliquant le principe du pays d'origine » menace les 70% des emplois de services, soit plus de 4.000 métiers sont directement concernés ; Il faut réagir nombreux contre ce type de mesures.


ML: Michel Barnier la tête de liste UMP en île de France déclare soudainement être opposé à l’entrée de la Turquie en Europe, alors qu’il s’est inscrit au prochain Forum de Cran Montana qui se déroulera à Bruxelles dès le 24 Juin prochain . Or ce forum portera sur « l'entrée de la Turquie en Europe » et les termes du débat sont orientés tel que suit : "la destinée européenne de la Turquie est une évidence. Le Forum annuel de Crans Montana qui se tiendra à Bruxelles en juin 2009 consacrera une partie importante de son programme au processus d'intégration".
Que vous inspire ce double langage et en quoi la question turque est-elle si importante pour l’avenir de l’Europe ?


Dominique Baud : Ce double langage ne m’inspire que du rejet envers ceux qui l’utilisent, à savoir Michel Barnier et Nicolas Sarkozy.
En supprimant, dans le nouveau texte de la constitution l’obligation d’un référendum pour l’entrée d’un nouveau pays, en niant ainsi le vote négatif de 55% des français en 2005, en ouvrant depuis 2005 10 chapitres sur 35 dans le cadre des négociations d’adhésion, en donnant encore cette année à la Turquie 85 millions d’euros de crédits de pré-adhésion au nom de la France et aux frais des contribuables français, et enfin en acceptant dans son groupe parlementaire européen (PPE) que M. ERDOGAN, l’actuel premier ministre turc siège en qualité d’observateur, on comprend combien leurs déclarations sont mensongères.

LA TURQUIE est un pays dont seulement 3% du territoire est en Europe et 97% en Asie. Avec plus de 70 000 000 d’habitants, il deviendrait ainsi le second plus grand pays européen, et même le premier dans les années à venir.

En effet, le nombre de députés étant proportionnel au nombre d’habitants, la Turquie compterait alors plus de députés européens que la France.
Les arguments d’une nécessité de main d’œuvre supplémentaire ou de démographie ne sauraient suffire à justifier une adhésion. Nous sommes formels, et disons oui à une coopération privilégiée, mais non à une adhésion.


ML: En quoi votre victoire est-elle de votre point de vue primordiale ?

Dominique Baud : Elle l’est d’abord pour l’Europe elle-même, puisque Libertas formera un groupe important qui saura se faire entendre pour défendre une Europe des Nations.
Elle l’est tout autant pour la France, car ce serait un avertissement nécessaire au Président de la République avant qu’il aille plus loin et impose des lois retardées ou revotées du fait des nombreuses contestations voire pétitions qu’elles ont provoquées mais qu’il compte faire passer en force après les élections européennes (loi sur les beaux-parents, hadopi, location d’utérus…).
Seuls de mauvais résultats aux européennes pourront le conduire à un nouveau mode de conduite des affaires de l’état et feront espérer une remise en cause de ses méthodes de gouvernance.

De plus, ce scrutin proportionnel doit être l’occasion de voter pour un vrai choix et non par défaut. Une large représentation de nos listes ne serait que juste au regard des près de 55% de non à la constitution en 2005.



Propos recueillis par Jean Heron sur Média Libres