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11/02/2012

Lettre à Géraldine,

Cela fait plusieurs mois que je suis les annonces, les déclarations, les actions de la « nouvelle Géraldine », impensable il y a 5 ans et pourtant bien réelle aujourd’hui, sous des allures de pionnière.

Que s’est-il passé exactement pour expliquer ta rupture si catégorique d’avec le Maire du 15ème arrondissement dont tu es pourtant le député suppléant et dont tu as été pendant des années un défenseur inconditionnel, même devant l’évidence ? Je ne sais pas. Mais cela a du être grave.

Aujourd’hui, peut-être penses-tu de temps en temps à ce que j’ai pu ressentir, à ce que j’ai vécu, à ce que j’ai du subir, lorsque j’ai décidé de présenter ma candidature en 2007 dans la 13ème circonscription de Paris, avec les agressions, les insultes… notamment de certains jeunes de l’UMP qui t’entouraient à l’époque, et peut-être encore aujourd’hui pour certains.

Car finalement, la situation était très peu différente. Il ne s’agissait pas des conséquences d’un redécoupage électoral, ni de la décision du député sortant de ne pas se représenter. Il s’agissait de remplacer René Galy-Dejean, car, âgé de 75 ans, nous pensions qu’il devait céder sa place.

Le principe annoncé par l’UMP était, comme l’a rappelé ce jeudi soir sur LCP, Camille Bedin, chargée, je crois, au sein de l’UMP de l’égalité des chances,  de « ne pas mettre une femme, pour une femme », mais de la choisir si elle avait fait ses preuves, « par le travail et sur le long terme ».

C’est bien de le dire, c’est mieux de le faire.

Militante active au RPR depuis 1978, ayant participé très assidument aux campagnes présidentielles (toutes) depuis 1981, et à toutes les campagnes législatives, régionales, municipales…(ayant contribué ainsi l’élection de bon nombre de ceux dont on parle aujourd’hui), très active aussi sur le terrain du 15ème arrondissement depuis 23 ans (en 2007), dans des associations, des conseils d’administration, des conseils d’écoles…, élue de Paris et du 15ème arrondissement de 2001 à 2008, et reconnue pour ma disponibilité, ma capacité de travail et d’investissement envers mon arrondissement et ses habitants…  la force de mes convictions et mon rejet des compromissions, je pensais, en plus d’être une femme, correspondre à ces critères.

A ce titre j’avais obtenu des centaines de signatures de militants et sympathisants UMP, Hommes et Femmes, d’habitants du 15ème arrondissement, d’élus, d’un ancien ministre… soutenant ma candidature aux élections législatives. Et, il avait été convenu et écrit en haut lieu, que la 13ème circonscription de Paris serait réservée à une femme et non, notamment, à un ancien ministre….

J’ai naïvement cru qu’avec tout cela l’UMP examinerait mon dossier de candidature, m’inviterait à le présenter devant « la commission d’investiture » et pourrait normalement me donner cette investiture…

Mais non, après de longs mois de « lâcheté du silence », comme tu l’as dit, ce jeudi soir, Géraldine, le verdict est tombé.

J’ai appris ensuite que seuls les ministres et députés sortants étaient reçus par la commission d’investiture. Et on a désigné un ancien ministre, pas assez sportif pour tenter de gagner une nouvelle circonscription, puisque parachutage il y avait.

Alors oui, Géraldine, tu  as raison, la méthode douce ne marche pas. Pas plus qu’elle ne marchait il y a 5 ans, même si à l’époque, tu ne voyais pas les choses ainsi.

C’est pourquoi aujourd’hui, face à cette révélation, tu menaces de te présenter en dissidence, « quitte à faire perdre ton camp », au nom de « l’application de la loi », et de « la juste représentation du peuple » qui compte 53% de femmes.

Tu veux que l’Assemblée Nationale « ressemble à la France » et tu veux croire que cela peut encore se faire avec l’UMP.

Peut-être cela arrivera t-il, si les femmes sont nombreuses et solidaires…

Mais quand on entend Camille Bedin, on peut en douter.

Déjà, cette dernière minimise le problème de la représentation des femmes en politique. Elle croit, sur 5 ans (sous-entendu dans les 5 ans à venir), à « des politiques » se cantonnant à des questions d’horaires de réunion pour les femmes, de places en crèches…Elle dit que c’est plus important que la parité en politique. Et redit qu’on ne peut imposer une femme pour une femme, mais que cette dernière doit s’imposer par son travail.

Elle est bien jeune et manque singulièrement d’expérience. Car seul le regard des femmes, leur expérience au quotidien, leur pragmatisme en politique, pourra réellement améliorer le quotidien de toutes les femmes de notre société.

Quant à s’imposer par son travail, personne ne le conteste, sauf que dans la réalité, cela ne suffit pas. Ce n’est pas envisageable lorsque ce sont des meutes d’hommes toujours et encore en place, qui décident.

Et voilà qu’elle se justifie avec la notion du « sortant »  qui n’a pas « démérité »

Je voudrais bien savoir ce que cela veut dire. Quant à moi, je l’assimile à « qui n’a pas fait de vague »… « qui ne dérange pas… ». Car, s’agissant du mérite du député sortant, rien ne serait mieux que de l’obliger à présenter officiellement un bilan de son action dans le cadre de son mandat et ce durant les 5 ans. On aurait ainsi, nous, les électeurs, de quoi juger.

Elle va même jusqu’à tenter de nous démontrer combien il est difficile d’être candidate femme à l’UMP, parti majoritaire depuis longtemps, et expliquer que sur les 220 circonscriptions à gauche, l’UMP a respecté la parité… « là, on a investi une femme sur deux ». Mais combien seront élues ?

Selon elle, c’est plus facile de se renouveler lorsqu’on est dans l’opposition, « la défaite renouvelle » !!!

Puis de conclure qu’être une femme n’étant pas un « argument électoral », et qu’on devrait alors aussi respecter des quotas dans le cadre de la diversité, du handicap…La leçon a été bien apprise. Les mêmes arguments masculins d’il y a 5 ans.

J’ai donc la même réponse : Il y a des électeurs, 53% de femmes et 47% d’hommes, il y a une loi sur la parité, et il y a des candidats. Cette jeune femme ne peut tout de même pas croire ou vouloir nous faire croire qu’il n’y a pas en France, 288 femmes de droite compétentes, volontaires dont 50% pourraient être candidates dans des circonscriptions « gagnables » et « 50% » dans celles à conquérir.

On doit pouvoir atteindre une juste représentation de la population, mais sur la seule base réelle, des HOMMES et des FEMMES, et non, des hommes pour 50% et des femmes, des handicapés, des représentants de la diversité… pour les 50% restant.

Au-delà de ces échanges, d’autres choses intéressantes ont été dites sur de ce plateau de LCP.

Mme Mariette Sineau, directrice de recherche CNRS au CEVIPOF, a expliqué que ce combat de la parité est aussi un combat pour le renouvellement. Par des chiffres, elle prouve combien la rotation des mandats ne se fait pas : 40% des députés en sont déjà au 3ème mandat, et plus d’un quart en sont au 4ème mandat.

C’est le cumul des mandats, dans le nombre et dans la durée.

Elle explique que dans un régime démocratique, les partis politiques, pour lesquels indirectement on paie, doivent organiser la formation et le renouvellement au lieu de laisser les fonctions politiques être accaparées toujours par les mêmes. Mais les partis préfèrent payer. Voilà à quoi sert l’argent qu’on leur donne, à bafouer la loi (4.000.000€ pour l’UMP et 500.000€ pour le parti socialiste).

Selon tes propres termes, Géraldine, « l’UMP est un délinquant électoral ».

En parlant de Rachida Dati, Mariette Sineau reconnait qu’elle peut avoir une certaine légitimité, car elle est Maire du 7ème arrondissement. Mais, qu’il ne faut pas oublier qu’elle vient d’un cabinet ministériel, que remarquée… elle a été nommée porte parole de la campagne présidentielle en 2007, et qu’ensuite elle a accédé à un poste ministériel au plus au niveau de l’état sans aucune légitimité. Pour avoir cette légitimité, il aurait fallu qu’elle soit élue localement ou député avant d’être ministre, plutôt que d’être nommée « par le prince ».

Je conclurai avec quelques propos de Ch Leiritz, journaliste à Marie Claire. Cette dernière reconnait que tout n’est pas lié à la politique mais que la politique permet de faire avancer et de mettre en œuvre des projets. Elle a aussi reconnu, que si la loi était respectée, ce genre d’article n’aurait plus lieu d’être.

Puis, sur le plateau, l’ensemble des intervenantes, mais aussi le journaliste animateur, se sont interrogés sur la nouvelle loi votée, et notamment sur les raisons pour lesquelles n’avait été retenu que le pourcentage de 40% de femmes (et non 50) quant à l’obligation de nommer des femmes au plus haut niveau des conseils d’administration des entreprises cotées, et pourquoi seulement en 2018.

Pour mémoire, je pense utile de rappeler que, selon l'Autorité des marchés financiers, les femmes ne représentent actuellement que 10 % des effectifs dans les conseils d'administration. Et pourtant en mars 2006, une loi sur l'égalité salariale prévoyait 20 % de femmes dans les conseils d'administration, dans les organisations syndicales, dans les candidatures aux élections prud'homales. Mais cette dernière ne pouvait pas s’appliquer, selon le conseil constitutionnel, qu’après une réforme de la constitution devant valider le principe de l'égalité d'accès des femmes et des hommes aux responsabilités professionnelles et sociales. La constitution a été modifiée et pourtant nous sommes toujours à 10% .

Alors 40% pour 2018, avec un palier de 20 % dans trois ans, et en cas de non-application de ces seuils, la sanction pour les entreprises de se voir s’imposer la nullité des nominations et des délibérations prises…c’est tout un programme. Attendons pour voir.

Voilà, Géraldine, j’ai attendu que tu m’appelles pour parler de tout cela, pensant avoir une certaine expérience et de légitimité sur le sujet…tant je retrouve chaque jour davantage mes propres discours….

Dommage, car ce sujet ne se règlera pas seulement « entre les femmes de l’UMP ».

Sans rancune et à bientôt.

Dominique Baud